Considéré comme le style de musique et de danse national sur l'île Maurice, le séga est né au cœur de la population esclave africaine qui l'utilisa pour se distraire de la rudesse de son quotidien. La danse, une forme de mouvement rythmé et instinctif durant lequel le pied ne quitte jamais le sol, est historiquement accompagnée d'un instrument à percussion traditionnel, la ravanne. Il s'agit d'un tambour très simple en peau de chèvre, qui permet de créer un fond musical rythmé capable bien souvent d'enflammer à la fois le musicien et son public.

La musique séga peut être entendue à travers l'île Maurice, mais sa popularité en tant qu'art contemporain est souvent attribuée au chanteur créole des années 50 et 60 Ti-Frère, dont la performance légendaire lors de la Nuit du Séga au Morne en 1964 a marqué un véritable tournant dans l'histoire de ce style musical qui est sorti de l'ombre pour être adopté par le grand public.

Aux côtés de Ti-Frère, Jean-Claude Gaspard est une autre grande star du genre qui a fêté en 2014 sa 50^e année dans l'industrie de la musique. Ayant récemment pris sa retraite après un concert d'adieu au J&J Auditorium de Phoenix, Jean-Claude a passé le flambeau à ses deux enfants musiciens, Denis-Claude et Mary-Jane, qui se sont déjà imposés en tant que véritables artistes séga.

Aujourd'hui âgé de 68 ans, Jean-Claude fut élevé par sa grand-mère Maria Rosa, qui lui apprit à chanter des chansons françaises des années 50. C'est lorsqu'il remporta une émission télévisée en interprétant la chanson Cheveux long et idées courtes de Johnny Hallyday que sa carrière fut lancée. Par la suite, il écrivit bien plus de 200 chansons, dont beaucoup devinrent de grands hits et demeurent aujourd'hui des classiques de ce genre musical, et devint l'un des artistes et interprète les plus appréciés de Maurice.

Avant son dernier spectacle, Jean-Claude fut invité à rencontrer le Premier ministre mauricien Dr. Navinchandra Ramgoolam, au Treasury Building de Port-Louis, qui le remercia officiellement pour ses contributions à la tradition musicale et culturelle de Maurice et où on lui rappela qu'il laisserait un héritage musical riche aux jeunes générations. Quant à Jean-Claude, il s'est peut-être retiré de la scène musicale, mais certainement pas du séga lui-même. En tant que « père fondateur » et en effet père de deux artistes animant la scène actuelle, il reste un fier ambassadeur du séga, et pour des années à venir.

Photo: Four Seasons at Anahita.