Que ce soit dans le rythme traditionnel du séga ou dans les chansons pop contemporaines de l'île Maurice, la ravanne est une composante essentielle de la musique locale. L'écho de cet instrument à percussion résonne tout aussi fort dans les salles de spectacle que dans les villages durant les fêtes improvisées.

Il existe de nombreuses similitudes entre la ravanne et certaines percussions antiques trouvées en Europe et en Afrique. Sur l'île Maurice, elle fut particulièrement utilisée par les esclaves et rythmait leurs chansons et danses nocturnes après leurs dures journées de travail sur les plantations.

Un art ancestral

Les méthodes de fabrication à la main de la ravanne ont beaucoup évolué. Selon la tradition, on découpe un morceau de bois dans un « pye lakol » (expression créole désignant l'arbre de colle à gomme), que l'on cloue pendant qu'il est encore vert. Après une période de séchage suffisamment longue, le bois courbe. En attendant, la peau de tambour, habituellement une peau de chèvre, aura été préparée. Une fois nettoyée, la peau est trempée dans une solution à base de citron vert, grattée puis mise à sécher. Après ce processus, la peau est tendue sur un cercle en bois qui formera la base de l'instrument.

Dans le temps, la peau était fixée en place avec de la colle à base d'amidon et de grains de tamarin écrasés, mais la technique moderne consiste à étirer la peau de l'animal grâce à des cordes. Puis, avant de créer sa musique, la ravanne est réchauffée sur un feu de camp de manière à tendre la membrane, ce qui permet d'optimiser l'acoustique.

Le rythme du séga

D'après le professeur de musique Jean-Jacques Arjun, « le dénominateur commun des mauriciens est le séga ». Des jeunes vivant à l'ouest de l'île partagent la vision de ce professeur qui promeut la tradition du séga, garantissant la longévité de l'instrument pour des années à venir. Le chanteur Menwar, un autre grand défenseur de cet instrument, a écrit la Méthode de la Ravanne, avec l'aide d'un ami de la Réunion. C'est la première fois que la pratique de cet instrument est enseignée de manière pédagogique, et cette méthode sera bientôt disponible en DVD.

Michel Legris, l'homme que les journalistes décrivent comme le façonneur de l'héritage séga, rayonne de bonheur lorsqu'il nous parle de sa première ravanne. « À cette époque, tout ce qui résonnait devenait une percussion. Mais c'est quand j'ai pris part au concours Sugar Time* que j'ai reçu ma première ravanne ! » Le succès qui suivit ne parvint pas à le distraire de cette ravanne auquel il était tant attaché. Selon lui, aucun instrument ne lui arrive à la cheville, et il a développé sa propre façon de les fabriquer. Son fils José a pris la tête de l'atelier familial, qui est aujourd'hui devenu une référence nationale dans cet art.

Kurty Auckloo est un autre musicien et grand adepte de la ravanne. Il organise des ateliers quotidiens chez lui et a travaillé, avec ses étudiants, à la création d'un album qui sortira bientôt, à sa grande fierté. L’Esprit Ravanne est le titre très prometteur de cet album…

*Concours lancé dans les années 1970 par la chaîne de télévision nationale.

Photos: Ravanne, le chanteur mauricien Menwar.